dimanche 18 novembre 2012

Beau bordel

Je me suis mise à trop penser à ce que tu allais penser de ce que je pensais alors que tu aurais pensé que j'ai pensé à ce que tu allais penser.

Je me suis mise à retenir des petits bouts pour ne pas faire peur, à altérer mes sourires pour y mettre plus de chaleur. Je me maquille, je mets du rouge à lèvres qui ne sera plus là à mon retour. Je parle trop pour qu'il y reste. Mon maquillage est clair, pour être jolie il faut se taire. C'est plus que du n'importe quoi. Plus je lutte pour être sincère avec moi-même, plus mon impression d'être fausse augmente. Et je ne me sens en vie que dans les extrêmes, suspendue entre eux. Un alignement de mots, une confession calculée, un appel à l'aide. L'impression que ma peau ne peut me contenir plus longtemps, que j'ai besoin de tes bras pour me retenir, me recoller. Et une envie de silence, une envie de regarder vraiment.

Une envie de fuite. Cet espace est de création, je t'y déformerai, contredirai, attacherai, détacherai et jetterai. Je t'y aimerai, aussi, sous mon maquillage et mes sourires, le temps d'une page d'amour romantique. Mes mots seront toujours plus changeant que mon visage, ils sont des oiseaux affolés. Ils refusent à se laisser prendre, même de moi, justement. Même de moi, en ce moment. Ils se sont sauvé, tu es entré dans le territoire maudit. Rien n'explose, tout s'est fait silencieux. Ils observent, gardent le moment de la chute, de la trappe qui s'ouvrira dans le sol sous tes pas.

Et je me suis mise à trop penser que tu allais penser que j'avais pensé à ce que tu allais penser avant de penser des mots qui au fond ne pourrait que foutre un beau gros bordel. 


samedi 17 novembre 2012

Des miettes de toi

Il y a des miettes de toi dans mon lit, parmi les oreillers et les couvertes, éparses. Des miettes de mots, de choses à dire, pareilles qu'une journée qui bourdonne et qui nous épuise. Des miettes de toi qui m'ont suivie, qui ont collé à ma peau, glissées dans ma gorge. Sur moi, je sens ton odeur, ton corps.  Ce soir, j'entends ta souffrance, elle me prend au coeur, je la porte avec moi.

Je suis là.

Il y a 
comme
un enfant 
qui s'éloigne
en chantant.

De ce pas
l'homme
qui ressent
se soigne
en dormant.

Un saule
ne porte plus
le poids
de ses ans.

L'épaule
rompue
se rend
doucement.

Rien
ne
se perd.

Train
de
frontières.

Si tôt
je chavire.

You know,
what I fear.

Une peur

de douceur.

dimanche 4 novembre 2012

Poupée

Je souris, les yeux dans le vide. À l'intérieur de moi,  je raccorde l'image et la pensée magique. Celle qui me tiendra encore un moment, celle qui me fera avancer. Je m'accroche malgré le vide. J'ai trébuché si souvent que je tremble à l'idée de traverser la rue, même si tu es de l'autre coté. Tu m'as vu, je l'ai vu dans tes yeux. J'ai essayé de te faire signe mais je me suis figée sur place quand j'ai senti une main glacée sur mon corps. La même. Celle qui me rappelle à moi-même que je ne suis pas faite pour aimer, mais bien pour leur apprendre à le faire. Une poupée de chiffons, jolie, sans plus. Du genre à laquelle on peut s'attacher le temps d'une saison, ou d'une soirée.

Je voudrais tant. Je ne fais que vouloir. L'amour, l'attention, l'affection, la tendresse, l'étreinte. Oh, comme je les veux. Je m'en contenterais d'un bout si c'est tout ce qu'on voudrait bien me donner.

Et je me rends compte à quel point je suis mon unique prisonnière, derrière les sourires et les mots, je gratte le mur dans l'espoir de passer de l'autre coté. Doucement. Et quand je vous voir partir, j'ai envie de hurler pendant que cette main me retient, encore une fois, ses doigts dans ma bouche pendant que je pleure de rage. Je n'ai pas le droit. Je n'ai pas le droit de vous retenir et à partir du moment où vous vous intéressez à moi je vous ai déjà perdu. C'est elle qui me tient compagnie, elle qui me borde sans flatter mes cheveux, elle qui soutient ma démarche quand tout s'embrouille, elle qui me dit de continuer pendant qu'elle m'étouffe. Elle prend toute la place. Sa caresse me fait frisonner de dégoût. Je me lève et m'endors avec elle.

La maladie.