mercredi 12 mars 2008

Il n'a fait que passer...

Pour celui qui le lira.
Les deux pieds dans le sable, elle emplissait ses narines de l'air marin. Le soir tombait, et le soleil jouait à la cachette avec la lune qui se pointait de l'autre coté de l'océan. Ils étaient beaux à voir. Ses yeux lui disaient de sourire aux mouettes qui en frolaient la surface liquide d'une seule aile pour repartir en tourbillonnant au dessus de l'eau. Et c'est ce qu'elle faisait, à pleine bouche, de toutes ses gencives et de toutes ses dents, elle souriait à la nature qui l'enveloppait. Elle souriait au vent un peu frais qui lui caressait la joue, aux vagues qui lui lèchait presque les pieds, aux cigales qui ne chantaient que pour elle ce soir, ce soir... Elle se sentait comme une reine. Elle esquissa quelques pas de danse, pieds nus sur la plage. La brise fit voler sa jupe doucement au dessus de ses genoux, et à ce moment là, elle fut belle. Son rire déchira la nuit; un oiseau lui répondit, au loin. Elle fit une révérence à son public et son regard se posa sur le gros rocher derrière elle. Son coeur se serra. L'été avait voulu rester mais Septembre était revenu quand même et l'avait chassé, non sans misère, en lui enlevant quelques degrés ici et là, si bien qu'il avait plié bagages en lui laissant cette dernière journée, comme une promesse qu'il reviendrait l'an prochain. Elle était donc venu lui dire aurevoir, elle, fille de la terre, reine d'un soir à qui on avait repris trop vite un cadeau qu'elle voulait garder. Elle lui souffla un baiser, ses yeux luisaient. Elle ne pleurait pas, lui si joyeux, détestait le chagrin et de toute façon, elle avait oublié comment. Elle alla s'asseoir sur le rocher, celui où elle s'était trouvée la première fois qu'elle l'avait remarqué. En fixant l'horizon, elle enroula ses bras autour de ses jambes, elle sembla rétrécir jusqu'à se faire toute petite. Elle ne bougea plus. Tout ce que l'on pouvait voir était ses pupilles qui brillaient dans le noir. Personne ne savait qu'elle s'était enfuie.

Elle avait parcouru 19 kilomètres sans souliers pour rejoindre l'océan, tout au bout de la côte Ouest. Lorsqu'on la retrouva, le sel avait fait gonfler sa jolie peau et la glace s'était prise dans ses cheveux. Elle voulait que l'été revienne. Il n'avait fait que passer...

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